Laisser un homme mourir de froid dans la rue, pourquoi le PS est furieux?
19/03/2015 22:00
Monsieur le Bourgmestre,
Chers collègues de la majorité,
Laisser un homme mourir de froid dans la rue, pourquoi le PS est furieux?
En 2015 à Namur, un homme serait mort de froid. Il est inadmissible pour une ville comme la nôtre, dans une société qui se veut solidaire et qui est pourvue de tous les services sociaux modernes, qu'une personne soit jetée à la rue en plein hiver pour une question de quota. Cet homme vivait chez nous, il avait une famille, une femme, des enfants. Les accidents de la vie l'ont conduit dans la rue. C'était un homme comme tout le monde et cette situation pourrait arriver à n'importe qui demain.
Ce dramatique fait divers met en lumière les conditions de vie des personnes qui ont comme seul « chez soi » la rue et des compagnons d’infortune. La rue n’est pas un choix, c’est la fin d’un processus d’exclusion sociale. C’est une spirale dont il est bien mal aisé de se sortir par sa seule volonté et c’est là que la solidarité et le soutien des services sociaux prend tout son sens.
Le système de quota mis en place par la Ville de Namur est profondément inhumain ou peut-être faudrait-il dire « inhumaniste ». Est-ce en privant les personnes d’un accueil de nuit qu’on va les forcer à se réintégrer ? C’est une vision dépassée du sans-abrisme que d’appréhender cette question sous l’angle de l’absence ou de l’insuffisance de volonté de s’en sortir ! La grande précarité, ce n’est pas seulement de faibles revenus, c’est aussi et surtout des problèmes de santé et d’assuétude qui touchent aussi des jeunes et même des personnes âgées.
La Ville, dans sa communication, a tergiversé, puis a évoqué l'hypothèse d'un deuxième homme. Peu importe si le cas identifié par un citoyen est la personne qui est décédée ou non. La question reste la même! Les règles intransigeantes en vigueur à Namur empêchent les services sociaux, qui font un travail remarquable, d'aider les personnes fragilisées qui le demandent. En somme, « aide toi et le ciel t’aidera … » c’est le filigrane du règlement communal.
C'est un non sens total de refuser un accueil alors que des places étaient encore disponibles. Selon nos informations, 3/4 des lits étaient inoccupés à l'abri de nuit. Mais, quoiqu'il en soit, la question des quotas n'avait pas à se poser puisque nous sommes en période de plan grand froid.
En tout état de cause, la législation wallonne sur les plans grands froids n’a pas été respectée. L'article 59 de Code wallon de l'Action sociale prévoit l’inconditionnalité de l’accueil du 1er novembre au 31 mars. Durant cette période hivernale, tous les quotas doivent être levés, ce qui n’a pas été le cas ici. Pour palier à toutes les éventualités, des procédures ont également été mises en place : si l’abri de nuit est complet, des lits peuvent être mis à disposition à la caserne et si ce n’est pas suffisant, il est toujours possible de réquisitionner des chambres d’hôtel. On ne laisse de toute façon pas quelqu’un dehors en ces circonstances !
Pour financer le Plan grand froid, le relais social de Namur bénéficie d’ailleurs d’une subvention annuelle de 67.500€ - au départ des budgets du Ministre de l’Action sociale - avec la condition d'assurer un accueil inconditionnel du 1er novembre au 31 mars.
Le Groupe PS demande une révision urgente du règlement en vigueur au regard du Code wallon de l'Action sociale, l'évaluation annuelle des processus d'accueil et une réflexion sur la cohérence de l'aide sociale de première ligne. En effet, l'abri de nuit dépend des services administratifs de la Ville alors que l'aide sociale de première ligne est la mission de base du CPAS. Rappelez-vous, si l'abri de nuit dépendait du CPAS, celui-ci verrait sa dotation du « Fonds spécial de l’Aide Sociale » ou FSAS augmenter d'environ 100.000€ par an.
Selon nous, il est inadmissible en 2015 de laisser une personne dans la rue, dont l'état de santé précaire est bien connu, pour des questions de quota alors que des règlementations existent et que des moyens financiers y sont spécifiquement dédiés.
Je vous remercie,
Eliane TILLIEUX